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- 69M1658
Chapitre 1
Les éléments morphologiques ont été décrits à partir de la littérature de référence dans le domaine de la typologie céramique1, et, pour la pierre, à partir de travaux spécialisés2. Le lexique (fig. 2) en est le suivant :
Les techniques de façonnage des lampes ont été identifiées et analysées à l’œil nu et par appréciation tactile de la rugosité des surfaces.
On a d’abord classé les groupes de pâte en fonction de la granulation des inclusions non plastiques (comprise entre 0,1 et 1 mm environ) et de leur concentration dans la matrice argileuse3. Quatre catégories ont ainsi été proposées (fig. 3) : les pâtes fines (environ 5%), semi-fines (environ 10%), semi-grossières (environ 20%), grossières (environ 30%).
En ce qui concerne le façonnage, trois techniques ont été détectées (fig. 4) :
Les lampes en pierre sont fabriquées par forage, abrasion et piquetage8.
Différents états de surface ont été observés (fig. 5) :
La surface des exemplaires en pierre est systématiquement lissée, polie et/ou lustrée, et parfois décorée. Dans ce cas, les décors sont effectués par incision et rainurage, abrasion ou découpe au ciseau13. Il s’agit ici de pieds moulurés, de sillons à l’extérieur ou sur le bord et de disques ou de bandes en relief sur la surface supérieure de l’embouchure (fig. 6).
On a volontairement choisi de ne pas utiliser de charte colorimétrique, tel le code Munsell, pour cette étude. En effet, celle-ci n’apporterait pas de plus grande objectivité car la perception des couleurs varie d’un individu à l’autre14. C’est donc à l’œil nu qu’a été caractérisée la couleur des surfaces (fig. 7). Celles-ci se distinguent entre couleurs claires (dans des tons beiges) et couleurs sombres (oranges à grises). La différence tient d’abord de la nature de l’argile : au-delà de 600 °C, les pâtes calciques donnent à la surface une couleur claire et les pâtes non-calciques, souvent riches en fer, une couleur foncée. La maîtrise des atmosphères de cuisson est également déterminante : une atmosphère réductrice prolongée produit une surface sombre tandis qu’une atmosphère oxydante produit une surface claire.
Leur surface (fig. 8) est gris-beige, rose, rouge, gris clair à gris foncé. Les roches claires apparaissent généralement moins brillantes que les roches sombres une fois polies. Elles sont également plus rugueuses au toucher.
C’est, pour chaque type, la valeur médiane qui est exprimée. On a systématiquement, et quand c’était possible, mesuré la longueur et la hauteur maximales conservées ainsi que la capacité des lampes. Cette dernière a été mesurée grâce au logiciel Crea Patrimoine15, à partir du dessin vectoriel d’exemplaires au profil complet (fig. 9). Les mesures ont été effectuées jusqu’au niveau du bord, mais sans prendre en compte le(s) bec(s) ou échancrure(s) qui constituent des éléments asymétriques non mesurables.
Les dépôts de suie constituent les derniers vestiges de la combustion et se révèlent de puissants indicateurs de la nature des combustibles utilisés (Cf. Rueff, BEFAR). De telles traces ont d’abord été détectées sur les récipients culinaires et la vaisselle de table. David Hally et James Skibo en ont montré la variabilité en les définissant de la façon suivante16 :
1) Tache fine de suie noire, parfois grise, qui est vraisemblablement du carbone solide. Elle est peu adhérente à la surface et peut être éliminée par frottement ou lavage17 ;
2) Tache de suie noire et brillante, contenant des gouttes transparentes (« cénosphères » de carbone), d’épaisseur variable et graduellement plus fine vers le bord du récipient. Elle est plus difficile à laver après refroidissement18 mais elle peut s’exfolier ou s’écailler au fur et à mesure qu’elle s’accumule – en conséquence des usages répétés – en raison d’activités de nettoyage par frottement ;
3) Couche cendreuse de couleur grise, qui couvre entièrement le récipient durant chaque phase de cuisson lors de l’utilisation. Elle est effacée totalement par le lavage.
C’est vraisemblablement leur deuxième définition qui correspond le mieux aux traces laissées sur les lampes, dont on peut souligner la remarquable résistance à l’effet du temps et du sédiment : celles-ci, de fait, ne disparaissent pas, même par nettoyage à l’acide. On a décrit ces traces à partir d’une observation à la caméra optique DinoLite à fort grossissement macroscopique (x50) et proposé la terminologie suivante (figs. 10 et 11) :
[Balfet, Fauvet, Monzon 1989] Hélène Balfet, Marie-France Fauvet, Susana Monzon, Lexique et typologie des poteries: pour la normalisation de la description des poteries, Paris, France, Presses du CNRS, DL 1989, 1989 ↩
[Morero 2016] Élise Morero, Méthodes d’analyse des techniques lapidaires: les vases de pierre en Crète à l’âge du bronze, IIIe-IIe millénaire av. J.-C., Paris, France, Publications de la Sorbonne, 2016 ↩
Suivant les travaux de référence dans le domaine de la pétrographie céramique [Matthew, Woods, Olivier 1991] A. J. Matthew, Ann J. Woods, C. Olivier, « Spots before the eyes: New comparison charts for visual percentage estimation in archaeological material », in Andrew P. Middleton, Ian Freestone (éd.), Recent developments in ceramic petrology, London, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, British Museum, 1991, p. 211‑263 ↩
[Roux, Courty-Fedoroff 2017] Valentine Roux, Marie-Agnès Courty-Fedoroff, Des céramiques et des hommes : décoder les assemblages archéologiques, Presses universitaires de Paris-Nanterre, Nanterre, 2017, en ligne, https://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1/SET=1/TTL=1//SHW?FRST=1&COOKIE=U10178,Klecteurweb,D2.1,E7e99dd97-23b,I250,B341720009+,SY,QDEF,A%5C9008+1,,J,H2-26,,29,,34,,39,,44,,49-50,,53-78,,80-87,NLECTEUR+PSI,R10.34.103.180,FN, consulté le 29 mars 2024 ↩
[Roux, Courty-Fedoroff 2017] Valentine Roux, Marie-Agnès Courty-Fedoroff, Des céramiques et des hommes : décoder les assemblages archéologiques, Presses universitaires de Paris-Nanterre, Nanterre, 2017, en ligne, https://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1/SET=1/TTL=1//SHW?FRST=1&COOKIE=U10178,Klecteurweb,D2.1,E7e99dd97-23b,I250,B341720009+,SY,QDEF,A%5C9008+1,,J,H2-26,,29,,34,,39,,44,,49-50,,53-78,,80-87,NLECTEUR+PSI,R10.34.103.180,FN, consulté le 29 mars 2024 ↩
[Roux, Courty-Fedoroff 2017] Valentine Roux, Marie-Agnès Courty-Fedoroff, Des céramiques et des hommes : décoder les assemblages archéologiques, Presses universitaires de Paris-Nanterre, Nanterre, 2017, en ligne, https://www.sudoc.abes.fr/cbs/xslt/DB=2.1/SET=1/TTL=1//SHW?FRST=1&COOKIE=U10178,Klecteurweb,D2.1,E7e99dd97-23b,I250,B341720009+,SY,QDEF,A%5C9008+1,,J,H2-26,,29,,34,,39,,44,,49-50,,53-78,,80-87,NLECTEUR+PSI,R10.34.103.180,FN, consulté le 29 mars 2024 ↩
[Roux, Courty 1998] Valentine Roux, Marie-Agnès Courty, « Identification of wheel-fashioning methods: Technological Analysis of 4th–3rd millennium BC oriental ceramics », Journal of Archaeological Science, 25.8, 1998, p. 747‑763, en ligne, https://linkinghub.elsevier.com/retrieve/pii/S0305440397902193, consulté le 17 mai 2019 ↩
[Morero 2016] Élise Morero, Méthodes d’analyse des techniques lapidaires: les vases de pierre en Crète à l’âge du bronze, IIIe-IIe millénaire av. J.-C., Paris, France, Publications de la Sorbonne, 2016 ↩
[Balfet, Fauvet, Monzon 1989] Hélène Balfet, Marie-France Fauvet, Susana Monzon, Lexique et typologie des poteries: pour la normalisation de la description des poteries, Paris, France, Presses du CNRS, DL 1989, 1989 ↩
[Balfet, Fauvet, Monzon 1989] Hélène Balfet, Marie-France Fauvet, Susana Monzon, Lexique et typologie des poteries: pour la normalisation de la description des poteries, Paris, France, Presses du CNRS, DL 1989, 1989 ↩
Les termes de lustrage et de brunissage, tantôt utilisés comme synonymes de polissage tantôt comme actions techniques distinctes n’ont pas été retenus ici. Pour une discussion sur leur signification, voir notamment [Shepard 1956] Anna Osler Shepard, Ceramics for the archaeologist, Washington, D.C, Carnegie Inst, Publication / Carnegie Institution of Washington, 1956 ; [Rye 1981] Owen S. Rye, Pottery technology : principles and reconstruction, Washington D.C., Taraxacum, 1981 ; [Rice 1987] Prudence M. Rice, Pottery analysis : a sourcebook, Chicago, IL, University of Chicago press, 1987 ; [Martineau 2010] Rémi Martineau, « Brunissage, polissage et degrés de séchage. Un référentiel expérimental », Les nouvelles de l’archéologie, 119, 2010, p. 13‑19, en ligne, http://journals.openedition.org/nda/959, consulté le 16 mai 2019 ↩
[Balfet, Fauvet, Monzon 1989] Hélène Balfet, Marie-France Fauvet, Susana Monzon, Lexique et typologie des poteries: pour la normalisation de la description des poteries, Paris, France, Presses du CNRS, DL 1989, 1989 ↩
[Morero 2016] Élise Morero, Méthodes d’analyse des techniques lapidaires: les vases de pierre en Crète à l’âge du bronze, IIIe-IIe millénaire av. J.-C., Paris, France, Publications de la Sorbonne, 2016 ↩
Elle est en aussi bien déterminée par l’acuité visuelle et la faculté d’un individu à percevoir les couleurs que par son contexte culturel et son éducation ([Classen 1993] Constance Classen, Worlds of sense: exploring the senses in history and across cultures, London, New-York, Routhledge, 1993 ; [Le Breton, Ruschiensky 2017] David Le Breton, Carmen Ruschiensky, Sensing the world: an anthropology of the senses, London, Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord, Bloomsbury Academic, 2017). ↩
https://crea.centresphisoc.ulb.be/fr/recherches/calcul-de-capacite ↩
Traduction empruntée à [Fanti 2015] Laura Fanti, La fonction des récipients céramiques dans les sociétés du Néolithique Moyen B (4500-4000 cal. BC) en Sardaigne centre-occidentale (Italie). Indices fonctionnels, économiques, interculturels à partir de l’analyse des caractéristiques morphométriques, des résidus organiques et des traces d’usure des poteries, Nice, Sous la direction de Martine Régert, Université Nice Sophia Antipolis, 2015 ↩
[Hally 1983] David J. Hally, « Use Alteration of Pottery Vessel Surfaces: An Important Source of Evidence for the Identification of Vessel Function », North American Archaeologist, 4, 1983, p. 1‑25 ; [Skibo 1992] James M. Skibo, Pottery function: a use-alteration perspective, New York, Etats-Unis d’Amérique, Plenum Press, 1992 ↩
[Hally 1983] David J. Hally, « Use Alteration of Pottery Vessel Surfaces: An Important Source of Evidence for the Identification of Vessel Function », North American Archaeologist, 4, 1983, p. 1‑25 ↩